Suite roman à suivre, poème, appel à textes, jeu d'écriture...
Bonjour-soir !
J'ai l'impression qu'à Toulouse nous avons traversé un printemps 2008 comme un vol à travers une farandole de nuages gris, mais l'été est bien là avec son soleil d'airain. Je souhaite par avance bonne escapade estivale à ceux qui vont en profiter, bon courage aux autres.
Au passage, je me permets de faire un appel à texte pour la rubrique poème du jour http://coeurromantique.free.fr/poemedujour.htm en lien, affiché sur différents sites (liste des sites en rapport, ici : http://coeurromantique.free.fr/listesitesenpoemesdujour.htm).
Je
souhaite y mettre avant tout des poèmes sur l'été (nature, amour ayant
commencé un jour de vacance, bain d'étoiles, été=3ème saison de la vie
d'un Homme etc), de près ou de loin, mais si vous avez la plume qui a
vagabondé sur d'autres muses, n'hésitez pas : http://coeurromantique.free.fr/poemedujourenvoi.htm
A
propos des poèmes du jour, voilou le seul "vrai" nouveau poème qui y
sera publié en juillet (les autres qui vont y être mis l'ont été
l'année précédente, voire il y a 2 ou 3 ans) : http://coeurromantique.free.fr/poemedujour180708.htm
Pour ceux qui auraient l'élan, l'envie, la plume agitée, je vous invite à participer à un nouveau jeu d'écriture, un poème collectif. C'est par ici que ça se passe :
http://touga.20six.fr/touga/art/71130675/Jeu_de_vers_une_histoire_de_po_me_collectif
Enfin, une nouvelle suite du roman à suivre "Les pages déchirés" attend vos yeux de lecteur(/trice).
Pour (re)lire la première partie, cliquez ici
Pour (re)lire la seconde partie, cliquez ici
Suite 2 chapitre 1 du roman à suivre
'Les pages déchirées'
A
même le sol, au milieu de bric et de broc, au milieu de ce qui était,
pour lui, des babioles, trônait une plume dorée. Elle sembla l'appeler
comme la mer attire le regard du marin, comme le rêveur se tourne vers
la lune au sein du dôme étoilé. Il ne put résister et s'approcha.
-
Beau jour monsieur ! N'est-il pas ?! Je m'appelle Shakire Jackson, dit
le découvreur de merveilles ! J'vous fais une ristourne si vous
m'prenez cet'amante de la page avec cette sculpture du 19ème qu'mon
arrière grand-père maternel a obtenu en travaillant auprès du grand
Rodin en personne ! proposa d'emblée le drôle d'antiquaire qui avait
remarqué la direction du regard de Greendle.
Ses paroles
exprimées d'une traite, son débit rapide, son accent d'ailleurs, sa
tenue digne d'un fakir et la peau ridée au teint rosi de ses mains et
de ses avants bras dénotant avec la peau halée de son visage, du fait
des années passées sous le ciel français, enlevaient un peu de
crédibilité au sens des mots du vendeur dont l'âge avoisinait les
quarante ans. Greendle esquissa néanmoins un sourire amusé tout en
restant bouche bée sur l'instant.
- Oh, je sais, je fais un peu
boutiquier des milles et une nuit ! répliqua le vendeur à l'air lourd
de sens de l'homme devant lui. Mais j'vous garantis la provenance de ce
qu'j'vends ! Ajouta-t-il sans se dépareiller de son sourire.
Son
aplomb ne convainquit pas l'anglais, il se hasarda cependant à rentrer
dans l'échange vocal... Il fit un signe de tête entendu, reporta son
regard intéressé sur la plume tout en formulant quelques sons.
- J'aurais préféré acheter uniquement cette plume. Combien...
-
Oh, maille lord ! coupa le vendeur. Uniquement cette plume ? J'ai bien
vu qu'elle vous intéressait, mais si j'vous ai fait cette proposition
c'est qu'elle a une grande valeur et accompagnée d'un trésor de plus
grande valeur ça vous aurait fait un prix d'ami !
L'anglais lui
lança un regard légèrement exaspéré à la mention du lord, exaspération
qui s'intensifia devant la volonté manifeste de lui soutirer beaucoup
de ses euros.
- Pour tout vous dire, la plume a appartenu à un
alchimiste du moyen-âge, enfin deux. Elle aurait été faite par Saint
Thomas d'Aquin puis se serait retrouvée, deux siècles plus tard, aux
mains de Paracelse. Si vous...
- Je suis désolé, je crains de ne
pas avoir la bourse et je n'ai plus le temps de... bavasser. Je dois y
aller. Serez-vous là demain ? coupa Greendle.
- Une bourse ?
Vous n'en avez pas deux, comme tout le monde ? Et oui, je serre bien la
main ! taquina Shakire qui tendit la main.
Greendle fit de
gros yeux éberlués. Interloqué le temps de deux battements de coeur, il
finit par tendre la main à son tour pour une poignée vigoureuse.
- On se voit donc demain ?! Oh, fait, moi c'est Greendle ! lâcha-t-il avant de tourner les talons et de prendre ainsi congé.
-
Enchanté Greendle ! Que les portes du jour qui s'ouvrent à vous le
soient sous une prairie clairsemée de fleurs enivrantes ! lui souhaita
l'antiquaire sur un ton amical.
Notre jeune photographe-reporter
commença à tracer sa route avec une démarche altière qu'il changea en
pas simplement pressés lorsqu'il mit les pieds sur le trottoir du
boulevard de Strasbourg. Sa journée de travail avait virtuellement
commencé et il lui aurait fallu pouvoir pagayer plus vite sur le cours
du temps pour en rattraper. Il faut dire que le menu était bien chargé
(séances photographies, scribouillage d'articles, corrections, réunions
avec les collègues, échanges de mails avec le responsable éditorial du
journal anglais...) mais la seule conséquence de son retard fut qu'il
ne put se faire la séance de cinéma qu'il espérait et il rentra plus
tôt que prévu dans son appartement pour se faire à manger, si éplucher
des légumes, effeuiller une salade et réchauffer le contenu d'une
conserve peut-être considéré comme tel.
Après avoir rassasié
l'appétit de son ventre, il mit la vaisselle dans l'évier et alla
consulter sa boîte à mail. Un message de son amie Liloo l'y attendait.
Elle lui confiait son humeur du moment et un nouveau poème sur
l'éclosion des étoiles dans l'univers et leur destinée, une allégorie
avec les fleurs d'un jardin sauvage. Il apprécia la lecture mais ne se
sentit pas de lui répondre dans la foulée, d'autant plus que la lecture
d'un troll sur un blog de poésie dédié à Lord Byron le fit sortir de
ses gonds et accapara toute son attention. Peu habitué à rentrer dans
la polémique, la considérant futile, « phagocyteuse » de temps et
d'énergie, il se sentit obligé de réagir pour défendre ceux qu'il
aimait lire, et surtout en pensant à son amie-du-net japonaise qu'il
considérait comme une digne poètesse contemporaine...
Le
trublion, le provocateur avait traité les poètes de parasites,
utilisant, détournant, pour sa généralité, la biographie du poète à
l'honneur. Par la raison, Greendle voulut s'efforcer de ne pas être
trop cinglant, de ne pas être trop subversif dans sa réponse, mais il
eut du mal à réfréner son envie de piquer dans le vif l'auteur du
message.
« Il faut avoir la conscience moyen-âgeuse pour se
permettre de traiter les poètes de parasites. Un poète donne de lui sur
le papier, il met de son regard, de ses tripes, de son âme, du monde.
Il vous retourne, il vous transporte si ses textes vous parlent,
trouvent écho dans vos grottes, vos profondeurs. C'est un travailleur
de l'essence de vie. On ne peut pas en dire autant de certains
travailleurs et encore moins de certaines entreprises qui font leur
beurre de manière discutable, d'un point de vue philosophique ou non.
Mais même pour eux, taxer de parasitisme ce serait ignorer le sens du
mot et se prendre pour dieu le père.
Green, l'anglais scribouillard expatrié en France »
Il se relut et cliqua sur « Send / Poster »...
Un
peu soulagé d'avoir pu exprimer son point de vue, mais toujours un peu
échaudé, il éteignit son ordinateur et prit l'air en compagnie du livre
qu'il avait acheté au bouquiniste en début de matinée...
Il élut
temporairement domicile non loin du jardin du grand rond qui venait de
fermer ses grilles, sur un banc de pierre où il commença à feuilleter
le livre de Victor Hugo. Bien vite, les yeux ne pouvant plus faire leur
office comme il faut sous la lumière évanescente, peu aidée par les
lampadaires pour luter contre le voile de la nuit, Greendle se choisit
un bar où il y dévora une trentaine de pages avant qu'il y ait trop
d'affluences. Il termina dans son lit sa tranche de lecture, le
chapitre qu'il avait entamé, et rejoignit la rive de l'impalpable en se
laissant bercer par les vagues d'une mélodie lancinante...
La
brume se lève sur une île, au point d'envelopper les étoiles dans le
ciel. Seule la vue d'une grotte persiste. Elle semble loin et proche à
la fois. Greendle avance vers elle. Étrange. Il a l'impression de ne
plus sentir le sol, ce n'est même pas comme s'il s'était dérobé.
Vole-t-il ? A peine s'est-il posé la question qu'il se retrouve nez à
nez avec un diablotin qui allume un feu au dessus d'une brochette de
coeurs. Le diablotin, au nez gros comme un pif, aux noisettes
globuleuses et aux oreilles pointues, lui est étrangement familier. Et
malgré son rituel macabre, il ne le sent pas menaçant, du moins ne lui
prête-t-il pas attention. L'anglais poursuit sa route vers l'antre de
la grotte lorsque, soudain, une vague le submerge...
à suivre / to be continued
© Pascal Lamachère - Juin 2008